POURQUOI LE SPORT GUINEEEN EVOLUE-T-IL EN DENTS DE SCIE ?

CONSTATS ET FAITS

Autrefois dans les années 60 et 70, la Guinée fut une grande nation de football. Elle faisait partie de l’élite continentale. Pour rappel, la finale perdue par le Syli national senior en Coupe d’Afrique des Nations en 1976 ; La participation du Syli national junior à la Coupe du monde de 1978 en Argentine ; Ou encore le triple trophée en Coupe d’Afrique des clubs champions remporté par le célèbre Hafia football club de Conakry. Aussi, l’athlétisme et la natation ont connu quelques moments de gloire en se qualifiant dans les différents championnats mondiaux et des jeux africains.

Mais à partir de la deuxième moitié des années 80, la traversée du désert a commencé pour le sport guinéen. Aujourd’hui, loin de sortir de l’ornière, il évolue en dents de scie. Dans toutes les disciplines, nos clubs et équipes nationales sont rarement présentes durant les grands rendez-vous sportifs africains et internationaux. Pour comprendre cette situation, la raison est multiple.

Sur le plan des infrastructures, seul le complexe sportif du stade 28 septembre peut accueillir les grands évènements sportifs, et voir culturels. Or, cette enceinte construite en 1964 devait servir de cadre uniquement pour les étudiants de l’Université de Conakry. Encore, faut-il rappeler que ce stade est vétuste et ne respecte plus les codes d’homologation des grandes instances mondiales du sport telles que la CAF et la FIFA. Certes, les pelouses de deux ou trois stades annexes sont désormais couvertes de gazon synthétiques. Mais elles ne peuvent être homologuées sur le plan international. Le stade de Nongo dont la construction a débutée il y a 11 ans déjà pour remplacer le stade du 28 septembre vieillissant n’est toujours pas opérationnel. A l’intérieur du pays, le terrain de tennis et la piscine de natation à Fria qui pouvaient accueillir les compétions nationales sont actuellement en état de délabrement très poussé.

Sur le plan de l’accompagnement, de l’encadrement, de la gestion et de la gouvernance, le professionnalisme laisse place à l’amateurisme qui, très malheureusement, est fort matérialisé par la corruption à tous les niveaux et dans toutes les disciplines. Qui ne se souvient pas encore des désenchantements à répétition des guinéens au lendemain des nombreuses défaites du Syli national ?

Parce qu’on y croyait trop sans poser préalablement les bonnes questions…

Parce que la rigueur a toujours manqué dans la gestion de groupe au sein de nos équipes sportives respectives. Nos joueurs sont devenus des faiseurs de loi dans les différents regroupements d’avant match. Ils peuvent à tout moment sortir sans aucune limite.

Parce que la sélection est faite sur base d’affinité et d’intérêt égoïste mais pas sur la performance des joueurs et l’honneur de la nation. Pour être appelés en sélection, ces derniers doivent soit entretenir de très bonnes relations avec les dirigeants, l’encadrement technique ou l’entraîneur, soit verser une partie de leurs primes de match à ces dirigeants, encadreurs ou entraîneurs.

Tout cela reste couronné par un manque de vision politique du pays en matière de la définition d’une stratégie nationale (pratique du sport, sport à la base, sport de haut niveau, médecine du sport, construction des infrastructures, formation).

(Nous ne sommes pas des journalistes. Mais des citoyens engagés. Toute copie ou reproduction doit citer les auteurs. Merci)

CAMARA Abdoulaye Ciré,

Bruxelles/Belgique

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